Une mise en perspective du sujet.
La naissance de l’écologie politique et les travaux de Charbonneau et Ellul, alertaient dès les années 30, sur la finitude de notre monde, et dénonçaient le projet d’une croissance sans limites et remettaient en question la société technicienne. Près d’un siècle plus tard, les sociétés occidentales, entrées dans leur « développement durable » s’obstinent, par cet oxymore, à penser ensemble progrès technique et préservation des environnements. La modernité occidentale s’est ainsi construite sur le projet d’un développement sans limite, qui ne correspond plus au monde que nous souhaitons habiter. Nous avons changé de monde, nous n’habitons plus sur la même terre. Pour penser cet épuisement du projet moderne et son héritage, Bruno Latour disait que nous vivons un changement semblable en importance à la révolution galiléenne. Nous sommes passé d’un monde/scène, constitué d’objets discrets cumulables à l’infini, à un monde/fini de milieux limités, fait de vivants et de non vivants en interaction. Que peut l’architecture dans ce nouveau monde ?
Catherine Larrère. Philosophe, Catherine Larrère est professeure émérite à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Spécialiste de philosophie morale et politique, elle a contribué à introduire en France les grands thèmes de l’éthique environnementale d’expression anglaise, et a développé la philosophie environnementale, autour des questions de protection de la nature, de prévention des risques, de justice environnementale et d’écologie politique, dans ses liens avec la démocratie. Après Les philosophies de l’environnement (1997), elle a publié, avec Raphaël Larrère, Du bon usage de la nature (1997, 2009, 2022), Penser et agir avec la nature, une enquête philosophique, Paris, La Découverte, 2015, 2018, Le pire n’est pas certain, Essai sur l’aveuglement catastrophiste, Paris, Premier Parallèle, 2020. Deux ouvrages collectifs : Les inégalités environnementales, Catherine Larrère (dir.), Paris, PUF, 2017. Penser l’anthropocène, Rémi Beau et Catherine Larrère (dir.), Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences Politiques, 2018. Dernière publication : L’écoféminisme, Paris, La Découverte, collections Repères 2023.
Didier Debaise, est Maître de recherche au Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), et professeur de philosophie contemporaine à l’Université Libre de Bruxelles. Ses recherches portent principalement sur les formes actuelles de la philosophie spéculative, sur les théories de l’événement et sur les relations entre le pragmatisme et la philosophie française. Il est directeur de collection aux Presses de réel, membre de comité de rédaction de plusieurs revues, parmi lesquelles Inflexions et Multitudes. Il a consacré plusieurs travaux à la pensée de Whitehead, parmi lesquels Un empirisme spéculatif (Paris, Vrin, 2006), Le vocabulaire de Whitehead (Paris, Ellipses, 2007) et L’appât des possibles (Presses du réel, 2015). Il a édité plusieurs ouvrages tels que Vie et expérimentation, (Paris, Vrin, 2007), Philosophie des possessions (Paris, Presses du réel, 2011), avec Isabelle Stengers, Gestes spéculatifs (Dijon, Presses du réel, 2015) et écrit des articles sur les philosophies de Bergson, Tarde, Simondon et Deleuze. Il a récemment publié dans la revue Multitudes, deux articles avec I. Stengers : « Résister à l’amincissement du monde » et « L’insistance des possibles. Pour un pragmatisme spéculatif. ». Et il travaille en ce moment sur un nouveau livre intitulé Pragmatiques de la terre.
Chris Younès, Psychosociologue, docteure et HDR en philosophie, professeure à l’École Spéciale d’Architecture. Fondatrice et membre du laboratoire Gerphau (EA 7486) et du Réseau scientifique thématique PhilAU (Philosophie, architecture, urbain) du Ministère de la Culture, ainsi que de sa revue Le Philotope. Cofondatrice et membre d’ARENA (architectural research european network). Membre du conseil scientifique d’Europan. Elle est l’auteur de nombreux articles et ouvrages philosophiques portant sur la métamorphose des milieux habités. Elle a récemment publié : Encore l’architecture. Encore la philosophie, (C. Bodart codir., Hermann, 2016), Architectures de l’existence (Hermann, 2018), Au Tournant de l’expérience, (C. Bodart codir., Hermann, 2018) , Synergies urbaines, (R. D’Arienzo codir., MétisPresses, 2018), Villes et architectures et débat, Europan, (A. Maugard, codir., Parenthèses, 2019).
Le 5 septembre 2023, à 19h, au Centre National des Arts et Métiers.
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